PAM a décrit la situation comme désastreuse, soulignant que près de 18 millions de personnes à travers le pays sont actuellement confrontées à une faim aiguë.
On estime que cinq millions de personnes connaissent des niveaux de faim d’urgence en raison des conflits dans des régions telles que Khartoum, le Darfour et le Kordofan.
Obstacles à l’acheminement de l’aide
« La situation au Soudan aujourd’hui est tout simplement catastrophique. » dit Eddie Rowe, représentant du PAM au Soudan et directeur pays.
« Le PAM a de la nourriture au Soudan, mais le manque d’accès humanitaire et d’autres obstacles inutiles ralentissent les opérations et nous empêchent d’acheminer une aide vitale aux personnes qui ont le plus besoin de notre soutien de toute urgence.
L’armée soudanaise et une armée rivale connue sous le nom de Forces de sécurité rapides (RSF) sont engagées dans la bataille depuis avril dernier. Le PAM est les exhortant à fournir des garanties de sécurité immédiates afin qu’il puisse atteindre des millions de personnes dans le besoin.
Rapports de famine
L’agence des Nations Unies a mis en garde à plusieurs reprises contre une catastrophe alimentaire imminente au Soudan, où elle a aidé plus de 6,5 millions de personnes depuis le début de la guerre.
« Pourtant, l’aide vitale n’atteint pas ceux qui en ont le plus besoin, et nous recevons déjà des informations faisant état de personnes mourant de faim », a déclaré M. Rowe.
Le PAM n’est en mesure de fournir régulièrement une aide alimentaire qu’à une personne sur dix confrontée à des niveaux de faim d’urgence dans les zones de conflit, notamment Khartoum, Darfour, Kordofan et, plus récemment, Gezira.
Pour atteindre ces zones, les convois humanitaires doivent être autorisés à traverser les lignes de front, ce qui « devient presque impossible » en raison des menaces sécuritaires, des barrages routiers imposés et des demandes de frais et de taxes, a indiqué l’agence.
« Regardez au-delà du champ de bataille »
Le PAM tente d’obtenir des garanties de sécurité pour reprendre ses opérations dans l’État de Gezira, un centre humanitaire vital qui soutient plus de 800 000 personnes par mois.
Les combats de décembre ont forcé un demi-million de personnes à fuir, dont beaucoup étaient auparavant déplacées. Toutefois, jusqu’à présent, seules 40 000 personnes ont reçu de l’aide car 70 camions du PAM sont restés bloqués dans la ville côtière de Port-Soudan pendant plus de deux semaines.
Trente et un autres camions qui auraient dû livrer de l’aide aux Kordofans, Kosti et Wad Madani, n’ont pas pu quitter El Obeid depuis plus de trois mois.
« Les deux parties à cet horrible conflit doivent regarder au-delà du champ de bataille et permettre aux organisations humanitaires d’opérer », a déclaré M. Rowe.
« Pour cela, nous avons besoin d’une liberté de mouvement sans entrave, y compris au-delà des lignes de conflit, pour aider les personnes qui en ont désespérément besoin en ce moment, où qu’elles se trouvent. »
Plans de réponse humanitaire
L’ONU continue d’appeler à la fin de la guerre au Soudan, qui a fait plus de 13 000 morts. Près de huit millions de personnes ont été déplacées, dont plus de 1,5 million ont traversé la frontière.
Bureau des affaires humanitaires de l’ONU, OCHAa annoncé vendredi qu’elle lancerait la semaine prochaine deux plans de réponse pour répondre aux besoins au Soudan et pour soutenir les Soudanais déplacés dans les pays voisins.
Au total, 25 millions de personnes ont besoin d’une aide urgente, a déclaré le porte-parole d’OCHA, Jens Laerke, aux journalistes à Genève.
Le chef des réfugiés de l’ONU au Soudan
Parallèlement, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a attiré l’attention sur la situation des personnes touchées par la guerre lors d’une visite dans la région cette semaine.
Filippo Grandi est arrivé au Soudan jeudi pour « mettre en lumière le sort des civils soudanais (dont des millions sont déplacés) et des réfugiés qu’ils accueillent encore, tous pris dans une guerre brutale et qui s’aggrave que la majeure partie du monde semble ignorer ».
Écrivant sur la plateforme de médias sociaux X, M. Grandi a évoqué ses conversations avec des personnes déplacées à Port-Soudan.
« Ils m’ont raconté comment la guerre avait soudainement perturbé leur vie paisible. Et combien ils perdent espoir – pour eux et pour leurs enfants. Seuls un cessez-le-feu et des pourparlers de paix significatifs peuvent mettre fin à cette tragédie », a-t-il déclaré.
Soutenir les réfugiés soudanais
Sa visite au Soudan fait suite à une mission de trois jours en Éthiopie, où il a appelé à un soutien urgent et supplémentaire aux réfugiés soudanais, dont plus de 100 000 ont fui vers le pays depuis le début de la guerre en avril.
L’Éthiopie est l’un des six pays voisins du Soudan qui continuent d’accueillir des milliers de personnes fuyant les combats.
M. Grandi dirige l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, HCRqui soutient le gouvernement éthiopien, ainsi que les autorités régionales et locales, pour fournir des services de protection et de survie aux nouveaux arrivants.
Publié à l’origine dans The European Times.