Le Bangladesh fait face à des pressions croissantes de la part des États-Unis et de l’UE pour garantir le caractère libre, équitable et participatif des élections de l’année prochaine. En réponse, l’actuel Premier ministre du Bangladesh Sheikh Hasina a annoncé que le pays accueillera des observateurs de l’UE et du Royaume-Uni pour surveiller le processus électoral.
140-150 observateurs de l’UE à recevoir
Une invitation a déjà été envoyée à l’UE, qui enverra un mission exploratoire au Bangladesh en juillet de cette année pour une visite de 13 jours. La mission devrait rencontrer des représentants des partis politiques, de la société civile et des médias. L’UE peut ensuite envoyer une mission d’observation à part entière de 140 à 150 observateurs.
Le Bangladesh a réalisé un développement socio-économique extraordinaire au cours de la dernière décennie et devrait sortir du statut de pays les moins avancés (PMA) en 2026. Charles Whiteley, l’ambassadeur de l’UE au Bangladeshestime que si le Bangladesh réussit à organiser des élections parlementaires libres et équitables, cela enverra un signal clair à l’UE indiquant qu’il possède un environnement politique propice à un nouvel élargissement de la coopération UE-Bangladesh, qui a jusqu’à présent donné des résultats fructueux.
50 ans de relations UE-Bangladesh
Cette année marque le 50e anniversaire des relations UE-Bangladesh. Leur coopération passée peut être décrite comme transformatrice et dynamique, c’est le moins qu’on puisse dire.
L’UE Tout sauf les armes (EBA) a été le principal moteur de l’UE qui est devenue le plus grand partenaire commercial du Bangladesh, en particulier dans l’industrie du vêtement, car elle a déjà dépassé la Chine en tant que plus grand exportateur de vêtements vers l’UE, dirigeant plus de la moitié de ses exportations vers le bloc.
Le Bangladesh est également considéré comme une réussite du schéma de préférences généralisées (SPG) de l’UE, qui offre un accès en franchise de droits au marché de l’UE et est utilisé pour aider les PMA à poursuivre leur développement économique. Au fil des ans, la coopération du Bangladesh avec l’UE a considérablement changé, passant principalement de l’aide au développement à la diversification de leur partenariat dans divers secteurs qui incluent désormais le changement climatique, la gouvernance, la migration, etc.
L’UE a félicité le Bangladesh pour ses réalisations impressionnantes en matière de croissance économique, de réduction de la pauvreté et de mise en œuvre du Plan d’action national sur les droits du travail et la sécurité au travail.
En outre, le partenariat UE-Bangladesh a atteint un nouveau sommet en novembre de l’année dernière lors de la toute première réunion UE-Bangladesh Dialogue politique, qui se tiendra désormais chaque année. Le dialogue marque un nouveau renforcement des relations UE-Bangladesh au-delà de l’orientation actuelle de leur coopération, la collaboration en matière de politique étrangère, de transformation numérique et de sécurité devant occuper une place centrale.
Malgré les progrès de leurs relations, le Bangladesh se heurte toujours à plusieurs obstacles pour renforcer davantage sa coopération avec l’UE. Alors que le Bangladesh devient plus prospère et se prépare à passer du statut de PMA à une économie à revenu intermédiaire, il devra également renégocier ses accords commerciaux avec l’UE.
L’Union européenne a décidé de prolonger son programme TSA pour le Bangladesh jusqu’en 2029, après quoi le Bangladesh devrait signer 32 conventions internationales pour bénéficier du programme SPG+ de l’UE. Si le Bangladesh progresse bien dans des domaines tels que le changement climatique et les conditions de travail, l’amélioration de son bilan des droits humains, civils et politiques doit être traité plus efficacement.
L’UE en tant que partenaire dans la promotion de la démocratie
Les prochaines élections permettent au Bangladesh de prouver aux observateurs internationaux qu’il est sur la bonne trajectoire pour devenir éligible au SPG+. Suite à la critique européenne de la Élections 2014 et 2018l’UE et d’autres acteurs sont particulièrement déterminés à encourager les deux principaux partis politiques du Bangladesh, la Ligue Awami et le BNP, à mettre de côté leurs divergences et à garantir des élections libres, équitables et crédibles.
Les États-Unis ont même pris la décision d’imposer des restrictions de visa à ceux dont il est prouvé qu’ils ont interféré et sapé le processus démocratique. Ces démarches dénoncent à juste titre toute alternative aux élections démocratiques.
L’UE espère voir une situation similaire à celle de les élections de 2008qui ont été considérés comme un pas en avant dans la réhabilitation réussie de la démocratie bangladaise à la suite d’un régime de gouvernement intérimaire soutenu par l’armée.
Les élections ont été déclarées équitables, libres et représentatives des citoyens du Bangladesh, tant par des centaines d’observateurs internationaux que par l’UE. L’UE a également élaboré un plan pour aider le Bangladesh à consolider ses processus démocratiques en soutenant les institutions clés, en renforçant la société civile et en améliorant les relations civilo-militaires, pour n’en citer que quelques-unes.
Cependant, depuis lors, les processus démocratiques au Bangladesh ont été, et sont peut-être encore, loin d’être durable.
La nature des élections, plutôt que le résultat lui-même, est susceptible d’avoir un impact significatif sur l’avenir des relations entre l’UE et le Bangladesh. Compte tenu de la trajectoire positive dont jouit jusqu’à présent le Bangladesh dans ses relations avec le bloc, la tenue d’élections réussies a l’occasion de renforcer davantage la confiance de l’UE dans l’éligibilité du Bangladesh à la transition vers le schéma SPG+. Et étant donné le intérêt grandissant de la communauté internationale, toutes les parties au Bangladesh ont la possibilité de prouver leur respect du processus démocratique et non de le modifier.