Par le P. George Chistyakov
Si un spectateur découvre l’existence de notre temple hospitalier « Protection de la Bienheureuse Vierge Marie », peut-être se posera-t-il immédiatement de nombreuses questions.
Tout d’abord, pourquoi y a-t-il un temple à l’hôpital ? Et pourquoi, s’il s’agit d’un temple, sa vie est liée à la recherche d’argent pour les médicaments, au travail le plus divers parmi les enfants, à l’aide que nos paroissiens leur apportent pour résoudre divers problèmes? Pourquoi y a-t-il un cours d’informatique ici ? Pourquoi y a-t-il un studio d’art ici où les enfants créent des images et font des dessins animés ? Pourquoi y a-t-il ici des jeunes qui chantent avec les enfants au son de la guitare ? Et de toute façon, qu’est-ce que c’est : un temple ou une charité ? Un temple ou un centre éducatif pour enfants ? Etc.
Les réponses à ces questions sont extrêmement simples. Tout dans notre vie prend un sens quand Dieu y entre. Plus précisément, lorsque nous commençons à comprendre que Dieu est entré dans nos vies. A l’hôpital, où l’on s’occupe de petits malades très graves, oublier que dans notre vie, si difficile, Dieu est présent, ça fait vraiment peur.
Parce qu’alors tout commence à s’effondrer ! Ensuite, nous constatons que non seulement les enfants sont malades, mais aussi leurs parents ; nous découvrons que les médecins sont eux aussi malades ; que nous vivons tous avec nos diagnostics ! Et lire, et lire, et lire. On ressent alors une grande fatigue. Alors notre impuissance totale se révèle…
Je pense que l’hôpital est une sorte de modèle de société. Comme l’univers se reflète dans une goutte d’eau, de même dans ce qui se passe à l’hôpital pour enfants à mille lits (oui, d’un côté, mille, c’est trop, et de l’autre, qu’est-ce que mille par rapport à les milliards de personnes qui vivent sur Terre) – dans ce qui se passe ici, nous voyons le monde entier en miniature. Et tout comme il y a beaucoup de douleur dans le monde, et dès qu’on commence à oublier la présence de Dieu dans l’univers, tout s’effondre, alors il y a tellement de douleur dans cet hôpital qu’oublier Dieu ici, c’est condamner les gens autour de nous à un désastre évident.
A quoi sert un temple à l’hôpital ? Bien sûr, cette question peut se poser, et on peut essayer d’y répondre sur un plan théologique, on peut répondre en se basant sur certaines théories…
Pratiquement tout devient clair pour moi quand je donne la communion aux enfants. Quand la mère offre le Saint Calice à un petit enfant, à peine âgé d’un an, et peut-être pas encore, et qu’il sourit et ouvre la bouche pour la cuillère aux Saints Mystères – cela m’explique déjà tout. Je n’ai pas besoin d’autres réponses à cette question. Parfois, il arrive que lorsque l’enfant est amené au temple pour la première fois, il a peur, ne veut pas recevoir la communion. Je dis toujours : rien, on attendra. Et si la mère ne force pas l’enfant à communier (je trouve ça très effrayant quand on force la communion), au bout d’une semaine, deux ou trois il apparaît ici joyeux et radieux.
L’éclat du sourire d’un enfant devant le Calice – c’est la réponse complète à la question par laquelle nous avons commencé cette conversation.
Aussi, je considère qu’il est très important que des gens vivent dans l’hôpital où nous venons – pas seulement des enfants, mais des gens. Quand nous disons « enfants », cela implique de les traiter avec douceur, de les soigner, etc., mais j’essaie de rappeler à la fois à leurs parents et à leurs médecins que nous avons affaire à de petites personnes qui ne doivent pas seulement faire preuve de tendresse, mais que nous devons respecter. – respecter sa personnalité, son indépendance intérieure, avec qui il faut se conformer, dialoguer, à qui il faut s’adapter… Après tout, l’enfant n’est pas quelque précieux japonais ou chinois une tasse qu’on peut poser sur le buffet et admirer en se rappelant que sa place n’est que sur le buffet, qu’elle n’a été faite que pour être regardée et appréciée. Un enfant est une personne à qui il faut donner le plus de liberté possible – et une liberté intérieure, psychologique. Un enfant est une personne qui doit être traitée sur un pied d’égalité.
C’est très difficile de se réadapter – et d’une personne qui enseigne, parraine, de devenir une personne qui se fait des amis, qui écoute, qui accepte l’avis de l’autre. Dans notre pays, même avec des adultes, cela ne se produit pas toujours, et encore plus avec des enfants. Et pourtant, je suis absolument convaincu que c’est nécessaire. Je pense que dans notre temple, nous arrivons à faire certaines choses précisément parce que nous essayons de toutes nos forces de traiter les enfants de cette manière.
Source des photos: extrait de la chapelle « Pokrov Bogorodichen » de l’hôpital clinique pour enfants de Moscou sur Miloserdie.ru
About the author: Georgy Chistyakov, priest (4.08.1953-22.06.2007). Priest, lecturer at Moscow State University and Russian State Humanitarian University, wonderful lecturer, writer and preacher, student of Fr. Alexandra Men. I could have become a great scientist, but I was engaged in what the Church needed more - missionary preaching and organizing help for sick children. According to the recollections of his spiritual children, he took all their joys and difficulties to heart, empathized as if each of them was dear and unique to him. His sermons are an example of church eloquence of our time.